Une entreprise reprise par ses salariés

Une entreprise reprise par ses salariés

Depuis nombre d’années la société PILPA produisait des glaces à Carcassonne. Elle employait 140 personnes et fournissait la grande distribution en glaces et sorbets sous marques de distributeurs. PILPA appartenait au groupe 3A, qui l’a revendue en 2012 au groupe R&R, filiale lui-même d’un fonds de pension américain. 9 mois après le rachat, R&R annonce la fermeture de l’usine. Le personnel se mobilise pour lutter contre cette décision, puis pour la reprise de l’activité. Un petit groupe de 19 personnes parvient à contraindre R&R à céder et peut démarrer une nouvelle activité de fabrication de glaces artisanales dans le cadre d’une SCOP. Le projet est cependant affecté d’un lourd handicap : l’équipe est intégralement formée de techniciens de la production ; les compétences commerciales et de gestion sont à acquérir.

L’URSCOP (1), qui soutient La Fabrique du Sud (FdS) dans sa démarche, demande à Capital Rebond Solidaire (CRS) d’intervenir au côté des nouveaux dirigeants afin de les aider à mieux maîtriser la démarche commerciale en direction des GMS (2). Rencontrés, les dirigeants acceptent la démarche de la SCIC.

Un Grand Conseil est organisé, qui rassemble six chefs d’entreprises sociétaires de CRS. Les conclusions sont nettement encourageantes pour FdS quant à son chiffre d’affaires de 2015, mais préconisent un gros effort dès 2015 pour réaliser les ventes prévues pour 2016 (actions de référencement, repositionnement du prix, renforcement de la capacité de production).

L’enjeu de l’action n’est pas qu’économique : il est aussi politique et social. La préfecture de l’Aude suit donc la mise en place et le lancement de La Fabrique du Sud. Les ventes des glaces La Belle Aude excèdent les prévisions pour 2014 et les résultats se révèlent meilleurs que prévus. L’année 2015, délicate, voit les objectifs atteints. Mais c’est l’exercice 2016 qui sanctionnera le pari du groupe de départ : les difficultés prévues seront toutes au RV. La Banque de France de Carcassonne, intéressée par notre démarche, nous a demandé d’accentuer l’accompagnement des dirigeants de la SCOP, afin qu’ils montent en compétences sur la gestion et les finances. Un tableau de bord stratégique est mis en place.

Une convention d’accompagnement est donc passée avec Capital Rebond Solidaire qui prévoit :

  • un appui à la gestion des ventes avec mise en place d’un tableau de bord permettant de suivre et respecter les objectifs de l’action commerciale ;
  • un appui à la mise en œuvre d’un tableau de bord stratégique destiné à suivre les progrès du plan, d’intégrer les événements imprévus et de réagir au plus tôt en conséquence ;
  • la recherche des moyens utiles au succès du projet, notamment le recours à LRIA (3).

 

La dimension stratégique et incontournable de la capacité de production apparaît clairement dans l’analyse : le positionnement de prix adopté par La Fabrique du Sud n’est pas tenable à l’échelle de son marché. Il est donc indispensable de la réorganiser et de l’optimiser. LRIA mène depuis plusieurs années une action en faveur des IAA régionales en partenariat avec un cabinet spécialisé dans la performance industrielle. Ce cabinet a obtenu des résultats remarquables et a notamment permis le retournement de situation à une entreprise suivie par CRS. LRIA a non seulement obtenu l’accord d’intervention de ce cabinet en faveur de FdS, mais aussi un financement pour cette intervention.

 

(1) Union Régionale des Sociétés Coopératives Ouvrières de Production

(2) Grandes et Moyennes Surfaces

(3) Languedoc Roussillon Industries Agroalimentaires

 

L’exercice 2017 rempli les objectifs de ventes (+25% par an en 2016 puis 2017).

No Comments

Sorry, the comment form is closed at this time.